Chasse et traque [RP LIBRE]

L'horizon était baigné d'orange et de feu. Le soleil allait bientôt sombrer derrière l'océan. Les nuages qui parsemaient le ciel et lui donnait un aspect doux et moutonneux prenaient des teintes exclusives et réconfortantes. Du rouge, de l'orange, du jaune, parfois un peu de rose. La mer scintillait de mille feux à l'horizon et offrait un spectacle à couper le souffle.

Dans les nuages percèrent deux immenses ailes. Lentement, elles ajustèrent la trajectoire, avec une précision prédatrice et patiente. Deux yeux bleus et or blanc, aux pupilles fendues, scrutaient la surface de l'eau. Elle était si brillante, si étincelante, que l'on ne pouvait percevoir ce qui se trouvait en dessous.

Aeran, du haut des nuages, avait beau posséder une vue perçante de dragon, et un camouflage parfait : son ventre et ses ailes de la même couleur que les nuages blancs renvoyait aussi les couleurs couchant, lui donnant en cet instant un aspect... unique. Il avait beau posséder tout cela, il ne parvenait pas à trouver ce qu'il cherchait. Dans une immense concentration, il ne connaissait aucun tic, aucun geste parasite, ni aucune pensée parasite. Bien. Il allait maintenant falloir jouer sur le hasard.

Aeran n'était pas un amateur de poisson, mais un avait piquer sa curiosité. De plus, l’île étant particulièrement forestière, il n'était pas à son aise pour y chasser. Il n'avait pas envie de voler un mouton. Il allait donc chercher ce fameux poisson qu'il avait aperçut du coin de l’œil la dernière fois qu'il avait pêcher, et miser sur sa chance pour en trouver un.

En douceur, il quitta les nuages et s'approcha de l'eau. Une manœuvre tout en silence, une manœuvre fluide. Il chercha dans sa propre ombre, qui empêchait la lumière du soleil d'apposer ses reflets coloré. Ses pupilles s’étrécirent brutalement et d'un mouvement d'aile, il plongea. Rapidement, ses griffes se posèrent sur la peau d'un gros poisson. Bien plus gros que ceux qu'il avait manger précédemment. Il les sentit glisser sur sa peau lisse, il ne pouvait donc pas simplement le saisir. Alors il enfonça brutalement ses griffes, relâchant du sang dans l'eau. Un battement d'aile, un second et un troisième, et il fut hors de l'eau. Il tenait entre ses griffes un poisson étrange, avec des dents triangulaires. Il tenait un... requin. La bête marine se débattit mais finis par mourir entre les serres du hurlement laineux.

Le dragon pris la direction des falaises des nouvelles terres. Il se trouvait plutôt à proximité du village. Il pouvait voir les étranges mécanismes humain faire monter et descendre des bateaux, ainsi que des huttes.

Il lâcha sa prise qui tomba sur le sol dans un bruit de flaque d'eau, humidifiant l'herbe verte. Puis il se posa enfin devant aile, posant lentement chacune de ses ailes sur sa proie. Une vers la tête, l'autre sur la queue. Il la fixa un moment. Il mit sa patte gauche sur sa prise et y enfonça les griffes. La seconde suivante, il se jeta crocs en avant pour la dévorer avec voracité et acharnement. Secouant la tête pour arracher la chaire du requin, il ne le trouva pas parfaitement à son goût, mais au moins il était meilleurs que la majeure partie des poissons qu'il avait déjà manger ou goûter. Il était un peu déçus dans le fond mais ce sentiment de déception fut vite balayer par la tornade qui se leva dans son esprit.

Bientôt il ne laissa plus qu'une carcasse, qu'il saisit et lança par dessus la falaise soudainement, envoyant le corps valser dans les airs et il cracha sa glace. Le tir atteint sa cible dans les airs, dans une explosion de givre et de brume froide, avant de retomber lourdement dans l’océan en contrebas. Satisfait de sa petite manœuvre et repus, il tourna sur lui même avec des mouvements un peu étranges qui semblaient témoigner d'avantage de l'énervement et de l'agressivité que de la joie. Il finit par se coucher, fixant le village Berkien au loin. Petit à petit ses tics et ses mouvements soudains, d'épaule, de queue, ou d'aile, cessèrent, alors qu'il fixait la silhouette des huttes et que la nuit tombait, l'orange quittant peu à peu l'espace pour laisser place à la nuit noire, sombre, parsemée d'étoiles argentées et éclairés par la Lune, de temps à autre caché par les nuages.

Et les deux yeux du dragons luisaient dans la pénombre, fixant intensément l’œuvre des vikings plongée dans l'ombre de la nuit.

Aeran était couché tranquillement, ventre au sol, en contact avec l'herbe humide et fraîche. La douce bise nocturne qui se levait glissa sur ses écailles. Il apprécia cette sensation de froid et de picotement qui lui était si familière et nostalgique. De temps à autre les rayons lunaires se déposaient sur ses écailles. Celles de couleur charbon restaient sombre dans la nuit, mais ses ailes pâles et ses écailles argentées brillaient faiblement, réfléchissant la claire lueur de la lune. L'étendue d'eau qui s'étendait devant lui était sombre et noir et scintillait parfois d'argent. Tout était silencieux, on entendait aisément les vagues percuter la falaise en contrebas.

Mais le dragon n'avait pour l'instant qu'un centre d'intérêt : la silhouette si particulière du village viking qui se découpait dans la nuit, là-bas au loin... Quoi qu'en un battement d'aile musclé, il y serait presque déjà arriver. Mais il préférais observer de loin. De plus, Aeran était d'avantage un chasseur diurne qui se camouflait dans les nuages blancs, bien que l'activité nocturne ne le dérangeait pas. Les reflux salé de l'océan remontait à ses narines. A bien y repenser, c'était bien différent de la toundra. Il souffla, chassant l'odeur salé de ses narines pour un instant.

Son regard, bien que concentré et hypnotisé par le village et la faible lueur orangée des torches au loin, pris une petite pointe de mélancolie. Pour une fois son esprit c'était apaisé. Il savait que c'était temporaire hélas. Il aplatit sa tête sur ses pattes, songeant à dormir. Puis il se dit que ce n'était peut-être pas une bonne idée de dormir ici à découvert. Le dragon se leva lentement en s'étirant. D'abord les pattes avant, puis la queue et les ailes, pour terminer par les pattes arrières et il était bon pour repartir. Il se tourna vers l'intérieur de l'île : il n'aimait pas trop se balader en forêt, mais il y trouverait certainement un endroit calme pour dormir. Et puis, la région était majoritairement couverte de ses étendues feuillues, il fallait bien qu'il s'y fasse un jour.

Mais probablement qu'il ne s'y ferait jamais. Il n'était pas censé vivre ici mais il avait été chassé du territoire de sa mère, qui se trouvait au nord. Au nord, si loin d'ici, un endroit si froid. Un froid si... agréable. Ah... il attendait la saison des neiges avec impatience. Lentement, le corps massif d'Aeran se mit en marche, sa marche si particulière accompagnée de ses ailes. Une après l'autre, synchronisé avec ses pattes.

La bête argenté entra lentement dans la pénombre des bois, sous de nombreux sapins et arbres à feuille caduc. Il était désormais bien moins voyants, bien que ses yeux froids luisaient toujours dans la pénombre et que ses écailles laissaient percevoir quelques scintillement argentés hasardeux, comme une traînée de poudre. Il sentait le chaos revenir s'insinuer lentement dans son esprit et...

Il se figea. Son regard fendu scruta à gauche, à droite. Des arbres, des arbres... Ce n'était probablement pas tout proche, mais ses sens le titillaient désagréablement. Il avait l'impression d'être... pisté. Est-ce que quelque chose le suivait ? Son instinct voulait lui dire oui, mais il n'en était pas tout à fait sûr. Peut-être avait-il pénétré le territoire d'un autre dragon... il n'y faisait jamais attention, encore moins sur cette île peuplée en bonne partie par les dragons alliés aux humains. Mais il était tout à fait possible que certaines terres ne fassent pas partit de leur territoire. Il n'en savait strictement rien, mais il s'arrêta. Il resta figé dans la pénombre de la forêt, attentif. Si son instinct ne lui avait pas mentis... il ne tarderait pas à le savoir.

Aeran était alerte. Sur ses gardes. Son regard scrutait les environs quand il eut une sensation étrange, au creux de son estomac. Son intuition... quelque chose ne tournait pas rond. Il ne savait pas quoi mais il y avait en ces lieux quelque chose d'anormal. Ou d’inhabituel, de rare. Lentement, le corps écailleux d'Aeran se souleva. Un mouvement lent mais aussi puissant, se soulevant pour se retrouver debout sur ses pattes arrières. Ses ailes roulèrent dans son dos, et afin de garder un bon équilibre, elle s'appuyèrent contre le tronc des arbres. Positionné d'une telle manière, le Hurlement Laineux paressait bien plus grand, plus massif et impressionnant, plus... inquiétant. Son attitude avait toujours ce je ne sais quoi de "il y a quelque chose qui ne colle pas". Son attitude et ses mouvements conservaient quelque chose déviant. Voilà qui était ironique... Aeran était lui même une anomalie, et il épiait les environs dans l'espoir d'en détecter une autre.

Alors qu'il possédait une meilleure vue sur les environs, il ressentit soudain une présence. Il ne l'avait pas encore vu mais était conscient que quelque chose était proche, à quelques mètres de lui seulement. Pourquoi ne l'avait-il pas remarquer plus tôt ? Voilà donc qui était anormal... Quelque chose venait de s'approcher de lui en camouflant sa présence. Aerandir en était lui même capable mais uniquement dans son territoire de chasse préféré : les nuages. Sa technique de vol et son ventre pâle faisait de lui un chasseur silencieux et indétectable, sauf pour les plus méfiants et prudents. Mais celui qui venait de s'approcher de lui...

... était, à sa plus grande surprise, un être humain. Il se tourna lentement vers lui. Ses pupilles s'étrécirent et il l'analysa : à premier abord il semblait tout à fait ordinaire, un peu de fourrure sur le crâne, relativement... petit. Quoi que pour un être humain il faisait une taille tout à fait normale, voir il était un peu grand. L'individu se trouvait à quelques mètres de lui. Il ne c'était pas beaucoup approché... Aeran savait pertinemment que ce n'était pas par peur. Autrement il n'aurait pas cessé de cacher sa présence... La panique aurait put lui faire commettre une erreur, mais il ne le sentait pas très paniqué. Il renifla l'air. Non, aucun relent caractéristique laissé derrière cette émotion. Alors qu'il dévorait l'humain du regard, il pressentait quelque chose de louche, mais n'en tint pas tant que ça rigueur. Il se relaissa tomber au sol, à quatre pattes mais aussi deux ailes. Et il commença à marcher lentement vers l'humain.

Est-ce que cet humain l'aurait identifié ? Aeran lui ne le savait pas, mais à cause de ses petites interventions brutales auprès de certains vikings, il avait laisser quelques rumeurs derrière lui et autant dire qu'il n'avait pas une réputation excellente.

Il s'approcha encore un peu de lui de sa démarche lente. Il avait bien compris que cet humain n'était pas normal. Ce qui attisait grandement sa curiosité. Sa logique lui faisant défaut, il s'arrêta, fixant l'humain dans les yeux, avant de bondir en avant. Il n'avait pas l'intention de le mordre ou de le griffer, ou même de le congeler, ou encore de l'écraser, non il voulait juste l'attraper. Il tendit ses ailes en avant pour tenter "d'encercler" l'humain avec alors qu'il tendait une de ses pattes avant dans l'objectif de le saisir. Clairement... Aeran n'était pas un dragon normal. Déjà qu'un Hurlement Laineux ne devrait pas se trouver ici... étrange... en effet.

Aeran avait quelque perception de la langue humaine, mais malheureusement, il ne comprenait pas bien encore les phrases. En effet, il avait plutôt l'habitude d'entendre les humains crier lorsqu'il les attrapait. Néanmoins il avait une petite idée de ce que l'humain avait voulu dire. Mais ce n'est pas comme si pouvait lui répondre et ce n'était surtout pas comme si il allait essayer de lui répondre. D'une part il aurait put mal comprendre d'autre part... quel intérêt avait-il vraiment a communiquer avec cet humain ? Il était curieux certes mais sa curiosité était difficilement satisfaite par du "bavardage". Et Aeran avait une autre question en tête : pourquoi cet humain ne paniquait-il pas ? Il devait comprendre pourquoi... Pourquoi une créature si petite n'avait aucune peur alors qu'il se trouvait juste entre les serres du dragon ?

Aeran approcha sa grosse tête de l'humain et le renifla avec curiosité, laissant également s'échapper son haleine froide et fétide après son repas... il venait de manger du requin et ça ne lui donnait pas une haleine merveilleuse. En tout cas, Aeran agissait toujours d'avantage par curiosité que par agressivité avec les humains... malheureusement, ça ne l'empêchait pas d'être brutal et d'avoir une logique étrange.

Le dragon souffla avec un léger agacement, il ne sentait aucune peur venant de l'humain et ça défiait tout ce qu'il avait appris jusqu'à aujourd'hui. Il était seul, sans aucun congénère ou dragon allié, alors pourquoi ? Il n'y avait rien pour le rassurer... ou du moins rien qu'Aeran pouvait véritablement pressentir, quoique... peut-être que l'humain avait bel et bien une raison de ne pas le craindre ? Laquelle ? Cet humain était étrange...

Il le serra un peu plus dans ses serres et commença à l'agiter un peu dans l'air, guettant une quelconque réaction de sa part, un cri, quelque chose d'autre que ce calme étrange.

Aeran tressaillit en entendant ce rire. Il n'avait jamais entendu un humain rire, il n'avait donc aucune idée de ce que ça voulait dire. Il arrêta donc de le secouer pendant un instant le temps de réfléchir. Mais jamais une expression aussi perdue ne c'était affichée sur son visage... il commençait à se dire que cet humain était encore plus étrange qu'il ne l'était. Autrement dit... très étrange. Il renifla donc de nouveau l'humain... pour essayer de se faire une idée de l'émotion qu'il exprimait. Ce n’était toujours pas de la peur ou de l'angoisse. D'ailleurs, ça n'avait clairement rien à voir... non... Aeran aurait décrit ce qu'il sentait comme de... l'amusement ?

Décidément cet humain était le plus bizarre et le plus étrange qu'il n'avait jamais vu. En quoi ça l'amusait d'être secoué par un dragon qui pourrait tout aussi bien décider de décoller et de... Une lueur apparut dans les yeux du dragon. Il avait une idée derrière la tête. Le problème, c'est que lorsqu'une créature folle comme Aeran avait une idée derrière la tête, eh bien... ce n'était pas toujours la plus brillante des idées.

L'hurlement laineux massif se redressa et resserra d'avantage sa prise sur l'humain à croire qu'il ne voulait plus le lâcher. Il commença à regarder vers la cime des arbres en plissant les yeux, et appuya ses ailes sur les troncs. Il cherchait quelque chose... qu'il sembla assez rapidement trouver un peu plus loin, et commença à se déplacer. Sans lâcher l'humain, cela va sans dire. Le dragon préparait quelque chose...